L’ONU dénonce la financiarisation du logement dans le monde, et ses conséquences


Paris le  30 juin 2017

Droit Au logement a pris connaissance du rapport de l’ONU sur la financiarisation du logement et ses conséquences sur le respect du droit pour chacun à un habitat décent.

Ce rapport éclaire sur les causes de la crise du logement mondiale et son aggravation, et dénonce notamment la domination inédite exercée par les marchés financier et les entreprises dans le secteur du logement; “l’expression (financiarisation du logement) désigne la façon dont les investissements en capital dans le secteur du logement dissocient de plus en plus le logement de sa fonction sociale …”

“Les marchés du logement et les marchés immobiliers ont été transformés par les activités d’organismes financiers tels que les banques, les fonds d’assurance, les caisses de retraite, les fonds spéculatifs, les sociétés de capital-risque et d’autres intermédiaires financiers ayant des capitaux importants et des excédents de trésorerie.

“La sphère financière mondiale a connu une croissance exponentielle, largement due au secteur du logement, et pèse maintenant bien plus lourd que ce qu’on appelle l’économie réelle « productive » rien qu’en termes de volume de richesses”

Les logements et les immeubles à usage commercial sont devenus les « produits de base de prédilection » des entreprises et des fonds financiers, qui s’emparent de ces biens dans de nombreuses villes à un rythme affolant. La valeur du marché de l’immobilier mondial avoisine 217 mille milliards de dollars – soit près de 60 % de la valeur de l’ensemble des actifs au niveau mondial – dont 75 % correspondent à des logements. En l’espace d’un an, entre mi-2013 et mi-2014, dans les 100 villes où cette pratique est la plus répandue, la valeur des achats de vastes propriétés par des entreprises est passée de 600 milliards de dollars à 1 000 milliards de dollars. Le secteur du logement est au cœur d’une transformation structurelle sans précédent concernant les investissements mondiaux et les économies du monde industrialisé, ce qui a des incidences majeures sur les personnes dépourvues d’un logement suffisant.” …

Droit Au logement constate que le même processus est à l’œuvre en France, particulièrement dans les plus grandes agglomération, désormais “métropoles”  telles Paris, Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse … Entraînant gentrification des centres et éviction vers la périphérie de pans entiers de la population.

“Dans les « villes refuges », premier choix des investisseurs mondiaux qui cherchent un lieu sûr où placer leurs capitaux, le prix des logements a atteint un niveau tel qu’il dépasse les moyens de la plupart des résidents, ce qui a pour effet de décupler les richesses des propriétaires dans ces villes et d’empêcher les ménages qui ont des revenus faibles ou modérés de devenir propriétaires ou locataires. Ces ménages sont ainsi poussés vers les zones périurbaines,”

La réalisation du droit au logement décent pour tous et toutes, ou “adéquat,” ou “suffisant”, selon les termes de l’ONU, est  menacé et cette perspective s’éloigne.
“Le logement n’est jamais évoqué en tant que droit de l’homme lors de la prise des décisions et de l’évaluation des politiques relatives au logement et à la finance.”

Il préconise de “faire en sorte que les responsables de déplacements, d’expulsions, de démolitions et de situations de sans-abrisme répondent de leurs actes de manière plus cohérente au regard des droits de l’homme”

A lire, pour comprendre quelques une des cause de la crise et de la cherté du logement que nous connaissons…

Rapport: A_HRC_34_51 report on housing and finacialization_fr