DAL SÈTE : PAS LA MÊME RÉALITÉ


PAS LA MÊME RÉALITÉ

Lundi dernier, une quarantaine de personnes se sont retrouvées devant la Mairie pour soutenir la demande de quatre associations (Amoureux de la Vie Solidarité SDF, Collectif Logement 34, DAL, LDH) concernant l’ouverture d’une salle municipale pour les personnes sans abris de Sète jusqu’à la fin de l’hiver.

 
Demande envoyée au Maire sous la forme d’une pétition ayant recueilli plus de 6000 signatures au moment où nous nous rassemblions, mais restée sans réponse.
 
Lors de ses vœux à la population, François Commeinhes avait pourtant déclaré: “Notre volonté est de ne laisser personne au bord du chemin. Plus que jamais la solidarité est au cœur de nos objectifs. Il faut redonner confiance à ceux qui se sentent en marge de notre vie collective“. L’occasion où jamais pour Monsieur le Maire de mettre en adéquation ses actes
et ses paroles, mais bon….
 
Une délégation est alors reçue ce lundi par la représentante du Maire, en charge du CCAS. Nous expliquons que nous nous adressons au Maire car c’est le premier magistrat de la ville, Élu de proximité en capacité d’entendre les demandes et d’actionner les leviers nécessaires pour y répondre, d’autant plus, faut-il le rappeler, que le Maire est garant de la protection des personnes en situation de vulnérabilité dans le respect du Code de l’Action Sociale et des Familles qui régit le CCAS dont il est le Président.
 
L’Élue dit être très étonnée de notre demande et se lance dans un long monologue au cours duquel elle exprime sa satisfaction pour la bonne marche de l’accompagnement des personnes sans abris par le CCAS, la bonne mise en place des mesures sanitaires demandées par le Préfet, l’excellent partenariat avec le SUS et le 115, seuls dispositifs compétents en la matière, etc… etc…
 
En résumé, la Mairie fait très bien son travail, et aucune personne demandant à être mise à l’abri ne reste à la rue sans proposition. Si l’Elue est étonnée, nous sommes de notre côté plutôt sidérés: nous nous excuserions presque d’avoir dérangé pour rien…A se demander pourquoi on est là et s’il existe vraiment un problème…
 
Pour preuve, nous dit-on, le dispositif “grand froid” n’a pas été activé car les températures ne sont pas assez basses. Que tous ceux qui se réfèrent à ces textes, ou qui les ont promulgués, veuillent bien passer une nuit dehors pour en éprouver le ressenti ! Pour ma part, j’avoue humblement que je n’ai pas essayé, le froid est vraiment trop vif.
 
Après 3/4 d’heure de dialogue de sourds pendant lesquels nous tentons (vainement) de porter à la connaissance de l’Elue les éléments de la réalité dont nous disposons pour pouvoir avancer ensemble dans la recherche d’une solution, notre interlocutrice conclut que “nous n’avons pas la même réalité vous et moi“. C’est clairement le seul point sur lequel nous aurons été d’accord !
 
Notre tentative de dialogue s’avère infructueuse. Nous n’aurons pas de réponse à notre demande. Nous quittons alors la Mairie devant laquelle nous attendent encore quelques citoyens solidaires qui veulent connaître le résultat de notre entrevue.
 
Au milieu de ce groupe, deux jeunes femmes en larmes demandent à être mises à l’abri n’importe où, “même dans une salle collective, du moment qu’un rideau nous sépare des hommes pour dormir.”
 
Hélas, restée à l’intérieur, l’Élue n’a pas pu prendre connaissance de cette réalité là, c’est dommage…Empêchés de revenir vers elle par les policiers en faction, nous avons tout de même tenté de faire passer l’information. Hélas il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Sans doute nous faudra-t-il parler plus fort..
 
Janine Léger (DAL Sète Bassin de Thau)